Le stage d’apprentissage

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Liberal Arts

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CIEE Rennes

Lycéenne, j’ai découvert ma passion d’enseigner. Étant actuellement étudiante en éducation en anglais comme langue étrangère (ALE), j’ai naturellement choisi de suivre le cours de pédagogie (et le stage qui l’accompagne) offert par CIEE, ici à Rennes. Cette expérience a vérifié la notion que j’ai bien une place dans la salle de classe et, en plus, elle m’a montré (et continue à montrer) des aspects culturels français que je n’aurais pas autrement remarqués.

Ce que je fais

À l’école, j’enseigne l’anglais et la culture américaine aux élèves de niveau CE1 (first grade) pendant une heure, une fois par semaine. Cependant, ce stage concerne tout le travail de l’enseignant ; je fais donc pas mal de préparation en dehors du cadre scolaire.

Pendant les sept jours qui séparent une séance de l’autre, je crée une leçon selon les consignes de mon professeur de pédagogie, le progrès des élèves avec des sujets présentés et mes réflexions personnelles des séances précédentes. Ces plans visent, d’une manière provisoire, de gérer le temps de chaque séance, de dresser une liste des matériaux et des supports nécessaires et d’assurer le ciblage des quatre compétences : compréhension orale (CO), expression orale (EO), compréhension écrite (CE) et expression écrite (EE).

S’organiser de cette manière semble accablant à première vue, mais vous vous habituerez après les premières semaines. À mon avis, un schéma détaillé rend une séance plus fluide en général : dès que j’entre dans la salle de classe, je sais ce que je vais faire et passer d’une activité à l’autre suscite très peu d’hésitation.

Après avoir créé le plan et les supports (fiches, diapos) nécessaires, je les transmets à mon professeur référent qui les imprime à l’école. Si vous décidez de participer à ce stage pendant votre séjour à Rennes, n’hésitez pas à faire de même : c’est moins cher qu’imprimer à l’université ou chez votre famille d’accueil et ça diminue le risque de perte et de l’oubli.

Dans la salle de classe

J’admets que j’avais déjà de l’expérience comme enseignante aux Etats-Unis avant de démarrer dans le système scolaire français. Heureusement, cela me permet de constater que, même si les élèves français sont différents de leurs homologues américains, ils sont plutôt similaires.

Je commence avec les différences qui viennent, pour la plupart, des normes des établissements éducatifs français, et que j’ai rencontrées au début de la première séance.

En tant que personne qui s’intéresse à l’histoire de l’art, j’ai décidé de présenter le vocabulaire et les phrases selon l’art d’un peintre de mon Etat. Lorsque mon professeur référent applaudit à la notion d’intégrer l’art dans un cours d’anglais, les élèves ont participé avec des regards perdus. Une consultation avec mon professeur de pédagogie a révélé que les écoles en France n’ont pas souvent l’habitude d’introduire les sujets d’une manière si interdisciplinaire – les élèves n’avaient peut-être jamais vu de l’art affiché à côté d’une langue étrangère ! Depuis cette explication, j’ai assimilé que même les choses les plus finies, comme le contenu introduit dans un cours, peut marquer de vastes différences culturelles.

J’ai remarqué aussi que la relation prof-élève, surtout au niveau CE1, ne suscite pas le même rapport qu’aux Etats-Unis. Bien que le professeur (ou, au niveau CE1, le maître) soit le référent des élèves dans les deux cas, il ne prend pas le rôle de pseudo-parent, un adulte chargé de forger le caractère des élèves tout en conservant leur équilibre émotionnel, comme il le fait souvent dans le cadre américain. D’après mes observations, les fonctionnaires d’une école assurent la sécurité des élèves et fournissent les premiers soins en cas d’urgence ou de maladie, sans doute ; mais ils s’occupent moins du bien-être, ainsi du comportement global des élèves. En fin de compte, l’école reste avant tout un lieu de formation académique.

La séparation entre le professeur et l’élève se manifeste plus évidemment dans la discipline qui, surtout aux yeux des Américains, paraît vieillie. Pendant la séance d’observation que j’ai passé avant d’intervenir, j’ai aperçu que le professeur, au lieu de féliciter le bon travail, stigmatisait l’échec. Il n’hésitait pas à exprimer quand un élève n’avait  pas atteint la hauteur de ses attentes, ou quand un élève devait refaire son travail. Par contre, un exercice achevé d’une manière acceptable ne suscitait qu’un hochement de tête. Je dirais que cette pratique s’oppose à celle des Américains, mais elle prend racine dans différents critères. J’estime que les Français, comme les Américains, veulent que leurs élèves réussissent. Cependant, ils les motivent par la critique au lieu de l’encouragement.

Une expérience enrichissante, quand-même

Je termine avec une similarité qui inclut toutes les trois domaines cités au-dessus. Les élèves au niveau CE1, en France comme aux Etats-Unis, sont encore des enfants : ils adorent bouger, s’exprimer et chuchoter entre camarades, ce qui me met le défi de garder leur attention.

En outre,autant je leur ai appris sur la langue anglaise, autant ils m’ont appris sur la culture française. Enseigner, même en tant que stagiaire, c’est un autre moyen pour s’insérer dans la vie quotidienne des Français et approfondir non seulement la connaissance, mais la compréhension des coutumes parfois mal jugées de loin.

Enfin, ce stage a réaffirmé ce que j’ai pensé aux Etats-Unis : je veux, après l’université, retourner en France pour enseigner l’anglais. Bien sûr, je recommanderais cette opportunité aux lecteurs qui se préoccupent d’aspirations similaires, et aussi à vous qui n’aviez jamais pensé devenir prof (ou maître). Soit dans une classe d’enfants turbulents, soit avec un groupe de lycéens sûrs d’eux-mêmes, ce stage vous permettra de faire connaissance d’un côté de la vie et la culture françaises assez inconnus dans le cadre américain.     

Samantha Olive, St Olaf College